Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Une double famille

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac Ier volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie privée Picture 1    

UNE DOUBLE FAMILLE  

Ecrit au début de l’année 1830

Analyse de l’oeuvre Ecrite à la même date que la Vendetta, au début de l’année 1830, Une double famille est peut-être l’exemple parfait de ce que Balzac voulait faire dans les Scènes de la vie privée: donner un enseignement, et aussi montrer l’individualité d’une vie privée, faire comprendre comment les moeurs, la demeure, l’ameublement, le vêtement, sont les signes qui permettent de deviner un caractère et de définir une mentalité. C’est encore l’histoire d’un mauvais mariage. La scène commence en Normandie, à Bayeux. Un jeune magistrat (Roger de Granville) épouse une jeune fille (Angélique Bontems) de bonne famille, parfaitement bien élevée. Il la croit simplement pieuse alors qu’elle est bigote. Il est nommé à Paris. Elle lui arrange sans goût une demeure austère et froide. Elle lui impose une vie d’abstinence, une froideur, une rigueur d’observance qui le consternent. Il se détache d’elle, rencontre une jeune fille pauvre, Caroline Crochard qui lui plaît. Il l’installe dans un coquet appartement correspondant à son propre goût. « Quand tu te marieras , dit à la fin le magistrat à son fils, n’accomplis pas légèrement cet acte. Souviens-toi d’étudier longtemps le caractère de la femme avec laquelle tu dois t’associer. C’est la moralité. »  Son épouse Mme de Granville apprend cette liaison et creuse encore le fossé qui existe entre les époux. Il naîtra de cette liaison deux enfants, Charles et Eugénie. Caroline abandonnera le comte pour un beau jeune séducteur nommé Solvet. Ce sinistre personnage est sans le sou, il est joueur, aime les femmes et le vin. Par amour pour cet homme, Caroline, lui sacrifiera sa fortune, sa santé et celle de ses enfants. La misère aura gain de cause de cette famille et le comte vieilli et aigri de toutes ses souffrances se retirera seul en Italie. La nouvelle est l’histoire de cette double vie et des conséquences graves qu’elle entraîne. C’est la moralité. Les descriptions qui font tout comprendre, c’est la méthode que Balzac a inventée et qu’il emploiera dans tous ses romans. « L’auteur croit fermement, dit-il dans une note, que les détails seuls constituerons désormais le mérite des ouvrages improprement appelés romans. » Bayeux, ville dévote, le parloir de la maison de la rue Teinture, les visites d’ecclésiastiques, les tons froids, les pratiques de la piété, sont une présentation admirable qui est restée célèbre. Les mêmes tons, la même austérité, la même impersonnalité se retrouvent dans l’installation que la jeune épouse fait réaliser à Paris. En contraste, Balzac s’amuse à montrer dans l’appartement de la maîtresse le décor qu’on imaginait alors pour une vie jeune et gaie. L’homme, comme un animal, sécrète sa coquille dont les irisations dévoilent son caractère. Chaque vie privée a ainsi une « teinte » et le romancier a pour tâche de la décrire. Balzac était allé voir sur place, Laure, sa soeur bien-aimée, avait suivi son mari Eugène Surville à Bayeux où il était fonctionnaire des Ponts-et-Chaussées. Balzac passa auprès d’eux les vacances d’été de 1822 : ils habitaient rue Teinture. Mais c’est l’expérience personnelle de Balzac qui donne au récit sa grave signification. Balzac le savait, sa mère avait été la maîtresse de leur ami M. de Margonne et elle avait eu de cette liaison son fils Henri, le jeune frère de Balzac, le frère préféré. Il avait appris ainsi que l’adultère est un vol secret du patrimoine et, chose plus grave, un détournement de l’affection maternelle. La femme de M. de Margonne était, paraît-il, une vilaine petite bigote, passablement désagréable. Les catastrophes qui terminent le roman montrent les conséquences dramatiques que peuvent entraîner l’adultère et l’existence d’enfants adultérins. Son épouse Mme de Granville apprend cette liaison et creuse encore le fossé qui existe entre les époux. Il naîtra de cette liaison deux enfants, Charles et Eugénie. Caroline abandonnera le comte pour un beau jeune séducteur nommé Solvet. Ce sinistre personnage est sans le sou, il est joueur, aime les femmes et le vin. Par amour pour cet homme, Caroline, lui sacrifiera sa fortune, sa santé et celle de ses enfants. La misère aura gain de cause de cette famille et le comte vieilli et aigri de toutes ses souffrances se retirera seul en Italie. Paris, février 1830 – janvier 1842

Préface tirée du tome III recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Généalogie des personnages Granville : (Roger de) Petit fils du président du parlement, Roger né en 1779, avocat, puis magistrat et pair de France épouse en 1806 Angélique Bontems née en 1787, d’où : Un fils né en 1807 qui sera magistrat à Limoges ; Eugène qui deviendra procureur du roi ; Marie-Angélique née en 1808 qui épousera en 1828 Félix de Vandenesse ; Marie-Eugénie née en 1814 qui épousera Ferdinand du Tillet. De sa liaison avec Caroline Crochard, dite de Bellefeuille, Granville a deux enfants naturels, Charles et Eugénie. Bontems : Propriétaire à Bayeux, épouse une dévote d’où : Une fille qui meurt en 1805 ; Angélique qui épouse Granville. Crochard : Danseur puis colonel, il meurt en 1814. Père de Caroline dite de Bellefeuille. De sa liaison avec le procureur général Granville, elle a deux enfants. Solvet : Amant de caroline Crochard.

Source généalogie des personnages: Félicien Marceau « Balzac et son monde ».

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