Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Le Cabinet des Antiques

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac VIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie de province Picture 2  

LE CABINET DES ANTIQUES  

Dédicacé, A MONSIEUR LE BARON DE HAMMER-PURGSTALL, CONSEILLER AULIQUE, AUTEUR DE « L’ HISTOIRE DE L’EMPIRE OTTOMAN ». Cher Baron, Picture 3 Vous vous êtes si chaudement intéressé à ma longue et vaste histoire des mœurs françaises au dix-neuvième siècle, et vous avez accordé de tels encouragements à mon œuvre, que vous m’avez ainsi donné le droit d’attacher votre nom à l’un des fragments qui en feront partie. N’êtes-vous pas un des plus graves représentants de la consciencieuse et studieuse Allemagne ? Votre approbation ne doit-elle pas en commander d’autres et protéger mon entreprise ? Je suis si fier de l’avoir obtenue que j’ai tâché de la mériter en continuant mes travaux avec cette intrépidité qui a caractérisé vos études et la recherche de tous les documents sans lesquels le monde littéraire n’aurait pas eu le monument élevé par vous. Votre sympathie pour des labeurs que vous avez connus et appliqués aux intérêts de la société orientale la plus éclatante, a souvent soutenu l’ardeur de mes veilles occupées par les détails de notre société moderne : ne serez-vous pas heureux de le savoir, vous dont la naïve bonté peut se comparer à celle de notre La Fontaine ? Je souhaite, Cher Baron, que ce témoignage de ma vénération pour vous et votre œuvre vienne vous trouver à Dobling, et vous y rappelle, ainsi qu’à tous les vôtres, un de vos plus sincères admirateurs et amis. De Balzac.

Analyse de l’oeuvre Cette nouvelle publiée en 1838 est une étude sur la vie des jeunes gens pauvres, de nom noble, et qui partent à l’assaut de Paris pour y trouver un avenir. Beaucoup d’entres eux s’y perdront dans l’entraînement de la vie parisienne, que ce soit par le vice du jeu, l’envie de briller, un amour malheureux, des banqueroutes financières. A l’opposé de Rastignac, le jeune, beau, distingué comte d’Esgrignon, noble appauvri de province (Alançon), mais adroit et hardi réussit là où Rastignac succombe. Le cabinet des Antiques est une histoire parallèle à celle de La Vieille Fille. L’histoire se déroule dans Alençon à peu près à la même époque que les événements décrits dans La Vieille Fille. Les vieux nobles dont Balzac évoque la présence quotidienne dans le grand salon vitré, des Desgrignons, et dont les fenêtres donnent sur la place, surnommé « le cabinet des antiques » par la jeunesse de l’après-révolution. Ces vieillards qui se réunissent chaque soir chez les d’Esgrignon sont les rescapés qui ont échappé à la tourmente de la Révolution. Ils sont du siècle passé. Comme toutes les descriptions faites par l’auteur, celle effectuée sur les personnages du clan « d’Esgrignon » sont touchantes et amusantes par leurs manières à l’ancienne. Tels les personnages d’un musée, ils sont vêtus des atours en vogue sous Louis XVI, ils en ont gardé les idées et les préjugés. Il est bien connu que les idées, les mœurs, la modernité, toutes les nouvelles technologies qui naissent à Paris, et qui changent si souvent au gré des modes ont peu de prise sur les mentalités « carrées » de la majorité des gens de province et, mettent du temps à être acceptés. Les habitants de province ont sur la noblesse, la structure sociale, les opinions qu’on pouvait avoir, non sous le règne de Louis XVI, mais sous celui de François 1er. Cette autre version de la vie immobile de province, se trouve, avec l’étude de cette noble famille, à un rang social supérieur que celui du salon de Mlle Cormon dans La vieille fille. On y verra que Balzac y a aussi changé le nom de certains de ses personnages. En effet, on devine aisément que le sieur du Bousquier époux de Mlle Cormon dans La Vieille fille, est devenu du Croisier, époux de cette dernière dans Le cabinet des Antiques. La petite ville d’Alençon où se passent les actions de La Vieille Fille et du Cabinet des Antiques parait endormie, mais elle est en réalité, et comme tant d’autres villes de province, en état d’incubation. Les haines qui vont se développer dans les années à venir et qui aboutiront à la révolution de 1830 sont déjà en germe dans les rivalités qui divisent l’aristocratie et les libéraux.

La famille d’Esgrignon L’hôtel d’Esgrignon d’Alençon a été démoli durant la Révolution pour être remplacé par deux usines. Déchu de sa fortune et d’une grande partie de ses biens mobiliers et terres, l’unique branche restante de la famille d’Esgrignon (marquis d’Esgrignon âgé d’env. 40ans – pas encore père) rachètera cette vieille maison de famille, à pignon, à girouette, à tourelle, à colombier où jadis était établi le Bailliage seigneurial, puis le Présidial et qui appartenait à son illustre famille. Charles,Marie,Victor,Ange,Carol, marquis d’Esgrignon où des Grignons suivant d’anciens titres. Le nom de Carol était le nom glorieux d’un des plus puissants chefs venus jadis du Nord pour conquérir et féodaliser les Gaules. Courageux, ne cédant ni devant les Communes, ni devant la Royauté, ni devant la Finance, ni devant l’Eglise, ils étaient autrefois chargés de défendre une Marche française. Leur titre de Marquis était à la fois un devoir, un honneur et non le simulacre d’une charge supposée : le fief d’Esgrignon est toujours resté leur bien jusqu’à la Révolution de 1789. Vraie noblesse de province, ignorée en 1800 depuis 200 ans par la Cour – pure de tout alliage et souveraine aux Etats – respectée des gens du pays. Pendant treize cents ans les filles de cette Maison avaient été régulièrement mariées sans dot ou mises au couvent. Les cadets avaient endossé les charges de soldats, évêques ou s’étaient mariés à la Cour. Un cadet de la maison d’Esgrignon fut amiral, fut fait duc et pair, et mourut sans postérité. C’est pourquoi, le marquis d’Esgrignon, chef de la branche aînée, ne voulut accepter le titre de duc. Durant les années de troubles, il y eut des d’Esgrignon décapités. Le sang franc se conserva, noble et fier, jusqu’en 1789. Le marquis d’Esgrignon, personnage de cette histoire, n’émigra pas, il devait défendre sa Marche. Le respect qu’il avait inspiré aux gens de la campagne préserva sa tête de l’échafaud. Malheureusement, la haine des Sans-culottes fut assez puissante pour le considérer comme émigré, pendant le temps où il fut obligé de se cacher. Au nom du peuple souverain le District déshonora la terre d’Esgrignon. Les bois furent nationalement vendus et quelques portions du fief furent sauvées. Le château, quelques fermes furent rendues à Mademoiselle d’Esgrignon, mineure, par la République. Chesnel, le fidèle intendant du marquis racheta avec ses propres deniers et en son nom certains biens du domaine auxquels le marquis était particulièrement attaché, tels : l’église, le presbytère, les jardins du château. Le marquis ne put occuper son château après les abominables années de la Terreur, celui-ci fut pillé, et délabré. A demi ruiné, les moyens financiers du marquis ne lui permettaient pas alors d’engager des frais dans des réparations. De plus, l’édit de pacification n’ayant pas encore été adopté, le marquis refusa de s’y établir, tant que le nouveau gouvernement en place (Monarchie constitutionnelle, seconde Restauration) ne lui rendit ses armes.

L’histoire Elle se situe vers 1820. Les surprises et les catastrophes qui surviennent au fil de l’histoire ont pour instrument le fils unique et seul héritier du marquis d’Esgrignon. Comme des courtisans, les amis des d’Esgrignon se réunissent chaque soir autour du marquis et de sa sœur. Elevé comme un jeune prince, Victurnien d’Esgrignon a presque toutes les qualités de sa condition : il est beau, il a du charme, il est élevé en enfant roi et en grand égoïste qu’il est, il sait courtiser et manipuler son entourage pour parvenir à ses fins. Sa famille l’envoie à Paris pour y achever son éducation et y acquérir les meilleurs enseignements. C’est donc un jeune homme du temps des Valois et pétri d’idées préconçues qu’on envoie à Paris, dans une société où tout à changé, le roi, la noblesse, les idées, les mécanismes du pouvoir. Les anciens du cabinet des antiques pensent que le roi va donner à Victurnien un régiment pour s’illustrer contre les Impériaux. Ils n’ont pas connaissance de la nouvelle loi de Gouvion Saint-Cyr qui règle dorénavant démocratiquement les conditions des grades et des avancements. Ils ne soupçonnent à aucun instant que l’argent remis par ses parents pour tenir « son rang » à la cour du roi, ne servira, en fait, qu’à faire de Victurnien un débauché qui ruinera en quelques mois les années d’économies et de sagesse familiale. La noblesse choisie par le clan d’Esgrignon exaspère les susceptibilités et attise les jalousies d’une petite ville en mettant rigoureusement de côté les nouveaux riches, ces bourgeois à qui, leur richesse ou leurs fonctions donnaient un rang. Ces nouveaux venus ont un chef puissant, riche et ambitieux sous le nom de du Croisier. Il voue au clan d’Esgrignon une haine de parvenu évincé. Ce sera le ressort du drame. La destruction de Victurnien, jeune orgueilleux insouciant qui s’enfonce jusqu’à être ruiné, et se damne par amour pour sa maîtresse, la comtesse de Maufrigneuse, jeune femme inaccessible, qui prend des airs angéliques, qui joue la pureté et coûte si cher. Femme froide et insensible, menant avec énergie la vie épuisante et onéreuse des grandes vedettes de la vie mondaine, Diane de Maufrigneuse, mangera en quelques mois la fortune familiale de Victurnien qui pour s’en sortir se laissera entraîner dans des dettes financières qui l’amèneront à emprunter à du Croisier (faux ami et ennemi juré de la famille d’Esgrignon). Victurnien acculé, falsifiera un billet de du Croisier en fausse lettre de change pour ne pas perdre la face et son honneur devant le monde. Il ne sera sauvé que par miracle du piège tendu par son adversaire, et qui aurait pu le mener en cour d’assises. Les catastrophes montrent la qualité des âmes. Dans Le cabinet des Antiques l’heureux dénouement n’est possible que par l’amour de deux donateurs qui sont Armande d’Esgrignon et celle du notaire Chesnel (ancien intendant de la famille d’Esgrignon, devenu notaire, ce brave homme restera le serviteur du marquis d’Esgrignon tout en étant son notaire, son secrétaire particulier, et son homme d’affaires. Ces deux êtres aimeront Victurnien comme leur propre fils. Ils symbolisent le dévouement absolu. Sources analyse/histoire : Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (tome X) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Les personnages  Mme Du Croisier : Epouse du sieur Du Croisier également nommé Du Bousquier. Personnage incarnant Mlle Cormon dans La Vieille Fille (nouvelle précédente). Les amis et habitués de cette maison y viennent jouer au boston chaque jeudi. Du Croisier (Du Bousquier) : (1760) D’abord entrepreneur aux vivres, il est ensuite receveur général à Alençon. Il épouse Rose-Marie-Victoire Cormon (1773). Il est sans doute le père de Flavie Collevile. M. D’Esgrignon père : Père du marquis, qui dans ses vieux jours avait épousé la petite fille d’un traitant anobli sous Louis XIV. Ce mariage fut considéré comme une horrible mésalliance par la famille, mais sans importance, puisqu’il n’en était résulté qu’une fille, Armande. Mlle Armande d’Esgrignon : demi-sœur du marquis d’Esgrignon, tante de Victurnien et mère adoptive. Vieille fille, elle reportera tout son amour et dévouera sa vie à cet enfant idôlatré. Le marquis d’Esgrignon : (1749-1830) Charles, Marie, Victor, Ange Carol, marquis d’Esgrignon, père de Victurnien ayant épousé sur le tard Mlle de Nouastre morte en couches en 1802. La famille de Nouastres était du plus pur sang noble. Devenu veuf à la naissance de Victurnien, ce fils unique sera l’âme, le suzerain, l’enfant béni de cette vieille famille. Victurnien d’Esgrignon : Né en 1802, il est l’héritier du marquis d’Esgrignon. Elevé en jeune prince par sa tante, son père et l’entourage de la famille, c’est un beau jeune homme, plein de grâce, d’esprit et de charme.  Enfant prodigue, il aura l’insouciance, l’égoïsme et l’ignorance d’un jeune seigneur des temps anciens. Le notaire Chesnel : Ancien intendant de la maison d’Esgrignon, serviteur particulier du marquis et homme de confiance des affaires financières de la famille. Il sera le précepteur du jeune d’Esgrignon, l’aimera et l’élèvera avec l’amour d’un père. Il cachera, taira et paiera les dettes inconsidérées de Victurnien, qui ruineront et ce brave homme et la famille d’Esgrignon. Armoiries de la famille d’Esgrignon : L’écusson des Desgrignon portent d’or à deux bandes de gueules, avec pour devise : cil est nostre qui fut prise au tournoi de Philippe Auguste, ainsi que le chevalier armé d’or pour tenant de droite de le lion de gueules à gauche. A l’époque où les événements se passent, cet écusson a 900 ans. http://img.over-blog-kiwi.com/1/27/04/32/20150407/ob_497411_440px-balzac-oeuvres-completes-ed.png Balzac a doté Victurnien d’Esgrignon d’armes imaginaires qu’il blasonne ainsi (dans « Les Rivalités – Le Cabinet des Antiques ») http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b2/Blason_imaginaire_Balzac_d'Esgrignon.svg/120px-Blason_imaginaire_Balzac_d'Esgrignon.svg.png

No Comments
Post a Comment