Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Illusions perdues (Episode 3) Eve et David

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac VIIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

  Eve et David  

Illusions perdues III Les souffrances de l’inventeur

Analyse de l’oeuvre Ce désastre de Lucien aurait bien pu terminer le roman. Or, Balzac entreprend l’écriture d’un troisième épisode. Et ce troisième épisode est si étrange que nous sommes obligés de nous demander si Illusions perdues est seulement l’histoire de Lucien de Rubempré, s’il n’est pas, en même temps, autre chose. Car cette trilogie en trois volumes publiés en six ans n’a un sens complet qu’à travers ces trois épisodes. Ce que Balzac veut montrer, ce sont les ravages que font les illusions, non seulement sur celui qui en est l’objet, mais sur tous ceux qui les ont partagées et qui deviennent ainsi les victimes de celui sur lequel ils se sont trompés. Il devient clair, alors que le roman a bien été commencé pour illustrer les aventures de l’imagination mais celles de toute imagination, celle qui est généreuse comme celle qui est puérile. C’est la troisième partie, Les souffrances de l’inventeur qui contient cette leçon. La première partie d’Illusions perdues décrit les illusions d’Eve et de David sur Lucien et celles de Mme de Bargeton. La seconde décrit les illusions de Lucien sur la vie littéraire et le succès, mais la troisième partie ne montre nullement les conséquences négatives de ces illusions, elle montre, au contraire, une troisième illusion aussi ravageuse que les deux premières, celle de l’inventeur sur son invention. Cette fin qui nous ramène à Angoulême et qui raconte les déboires de David et les manœuvres de ses concurrents, les Cointet, pour s’emparer de son invention est singulière. Balzac a beaucoup de peine à faire intervenir Lucien dans cette troisième action si différente des deux premières. Il le fait habilement, il parvient à lui donner un rôle, mais ce n’est pas celui d’un accélérateur. Finalement cette troisième partie, Les souffrances de l’inventeur tient les promesses du titre Illusions perdues, elle enseigne que toutes les illusions sont malsaines, même les plus généreuses. Mais dans cette fin, Lucien de Rubempré, est, pour ainsi dire, absent : comme si son destin était déjà réglé par l’auteur. Et, il l’était en effet. Il était prévu, défini, avant même que Balzac ait écrit la deuxième partie d’Illusions perdues, les déceptions de Lucien de Rubempré dans sa carrière parisienne. C’est le détail le plus révélateur de la rédaction de cette trilogie. Balzac date cette deuxième partie : « Aux Jardies, décembre 1838 – Paris, mai 1839. » Or, en septembre 1838, donc trois mois avant qu’il ne se mette à écrire Un grand homme de province à Paris, Balzac avait fait paraître La Torpille, début de Splendeurs et misères des courtisanes où l’on voyait Lucien de Rubempré, quatre ans après sa déconvenue parisienne, reparaissant au bal de l’Opéra, en compagnie d’un inconnu masqué et écrasant ses rivaux d’autrefois par son élégance et son aplomb. Balzac sait donc tout le destin de Lucien avant qu’il ne commence à le raconter. Cette prescience n’est peut-être pas extraordinaire pour un romancier, mais ce qui est étonnant et qui jette un singulier éclairage sur David, c’est que Balzac, lui, ne se trompe pas sur Lucien. Et cette prescience donne à l’amitié fraternelle de David une nuance plus sentimentale : elle n’est plus seulement une illusion, il y a de la part de David une sorte « d’amour blanc », tendresse sans arrière pensée mais assurément attirance, qui est à l’origine de son admiration pour Lucien. Il y a donc, à partir de ce moment, deux fils qui se croisent dans Illusions perdues. L’étude des illusions qu’on se fait sur soi-même et sur les autres et dont on découvre à la fin la vanité, est une sorte d’éducation sentimentale qui a pu séduire Balzac pendant quelque temps. Puis, très vite, le destin de Rubempré lui apparaît clairement et son roman lui apparaît, lui aussi, autrement. Il devient une sorte d’avant-scène préparant un destin beaucoup plus effrayant : et par rapport à Balzac, beaucoup plus étrange. Car à la fin, le coup de théâtre du dernier moment, la rencontre de Lucien vaincu, contraint au suicide avec ce sauveur imprévu dans lequel les lecteurs de Balzac peuvent reconnaître Vautrin, le tentateur du Père Goriot, ce rebondissement miraculeux, ce n’est pas la conclusion d’Illusions perdues, c’est la préface d’un autre roman. Et cet autre roman, Splendeurs et misères des courtisanes, ne sera pas comme Illusions perdues l’itinéraire de l’inoffensif arrivisme littéraire, mais l’exploration d’une caverne plus vaste et plus ténébreuse, celle où se font secrètement les grandes fortunes politiques et financières d’une époque. Mais la leçon d’Illusions perdues, c’est que toute illusion, c’est-à-dire toute construction de l’imagination, est dangereuse. C’est le réel qui triomphe. Les véritables vainqueurs sont les frères Cointet qui s’emparent de l’invention de David Séchard et deviennent de richissimes fabricants de papier. Eve et David seront heureux à la fin. Mais grâce à quoi ? Aux écus du père Séchard qui a volé son fils et planté des vignes à Marsac. La victoire est du côté du réel. Au XIXe siècle le réel, ce sont les écus. Aujourd’hui aussi d’ailleurs. Source analyse : préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

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Lucien de Rubempré et Mme de Bargeton 

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                 Braulard

L’histoire Ruiné et endetté, Lucien revient à Angoulême auprès de sa mère, de sa sœur Eve et de son beau-frère David Séchard. Malgré les effusions des premières retrouvailles, l’inconsistance de Lucien et les conséquences de sa conduite envers sa famille le discréditent. Malgré l’ovation d’Angoulême à son poète et le dîner d’accueil (donné hypocritement) en son honneur par ses soit disant « amis » dont fait partie Mme du Châtelet, Lucien se rend compte qu’il a perdu l’estime et l’admiration de sa famille. Eve ne lui fait plus confiance. Elle se méfie, et lui tait l’endroit de la cachette de David. En effet, David est poursuivi pour une lettre de change en faveur de Lucien (un faux établi par Lucien qui a contrefait la signature de son beau-frère) et dont la somme importante ruine cette pauvre famille. Ses faiblesses et son inconstance ainsi révélées aux êtres qui lui ont démontré le plus d’amour et de confiance sont un coup de poignard mortel pour l’orgueil et la vanité de Lucien. Désespéré, il laisse une lettre à sa sœur lui signifiant son intention de se suicider. Lucien n’accomplira pas son funeste destin, le hasard mis sur son chemin un étrange voyageur

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                         Camusot

qui se voudra son sauveur – mais à quel prix ! Vous le découvrirez en lisant la suite des aventures de Lucien  dans l’œuvre de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes. Paris 1835-1843 Une description détaillée des personnages est visible dans le résumé traitant de l’épisode I d’Illusions perdues.  Source histoire : Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (Tome XI) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.  

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