Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Le Député d’Arcis

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XIIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1874)

Scènes de la vie politique Picture 1    

LE DEPUTE D’ARCIS    

Etude de mœurs parue à Paris en 1854 par l’éditeur Potter, Michel Lévy  

Analyse Dans ce tome on trouvera les deux dernières des œuvres que Balzac avait placées dans les Scènes de la vie politique, Le Député d’Arcis, roman inachevé, et une nouvelle Z. Marcas, qui forment avec Une ténébreuse affaire et Un épisode sous la Terreur, tout ce que Balzac avait pu écrire de cette importante division de La Comédie Humaine. Sur Le Député d’Arcis En fixant les grandes lignes de son œuvre, en 1835, Balzac avait fait définir les Scènes de la vie politique comme une série montrant les drames produits par « l’effroyable mouvement de la machine sociale et les contrastes produits par les intérêts particuliers qui se mêlent à l’intérêt général ». Cette définition que Balzac avait dictée à son ami Félix Davin pour son Introduction aux études de mœurs au XIXe siècle ne s’applique guère à ce que nous pouvons lire du Député d’Arcis, histoire d’une élection en province. Le Député d’Arcis dont l’action a lieu sous la monarchie de juillet 1830 décrit les nouvelles conditions de l’arrivisme, les nouvelles carrières, les nouveaux bénéficiaires que le nouveau régime proposait. C’est une perspective des Scènes de la vie politique assez éloignée de celles que Balzac avait fait définir en 1835. Ce roman pour lequel Balzac s’était mis au travail en 1842, n’était rédigé qu’en partie lorsque Balzac en commença la publication en feuilleton dans le journal L’Union monarchique au mois d’avril 1847. La moitié seulement du roman était écrite, celle qui concerne les préparatifs d’une élection à Arcis-sur-Aube. Balzac n’écrivit jamais la suite. C’est en 1935 seulement que Marcel Bouteron publia sous le titre Le Député d’Arcis la partie du roman dont Balzac était l’auteur à l’exclusion de cette suite encombrante. Les éditeurs successifs de La Comédie Humaine ont suivi ce parti auquel nous nous conformons dans l’édition de France Loisirs de 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris. Le sujet d’une élection en province, assorti de la conquête d’une riche héritière, à quoi se résume ce qui a été écrit du Député d’Arcis, n’était ni une idée originale ni une situation bien pathétique. C’est Charles Rabou, mandaté par Mme de Balzac, qui écrivit la suite, un ensemble de 18 volumes in-8° sous les titres Le Comte de Sallenauve et La Famille Beauvisage. Le sujet est ingrat, les descriptions risquent d’être ternes, les oppositions mènent à des dialogues dont la matière est aride, le triomphe ou l’échec, même avec l’appât d’une grosse dot, ne suscite pas l’intérêt sentimental ou l’anxiété du lecteur. La réunion électorale par laquelle commence le récit n’échappe pas à ces divers inconvénients malgré les efforts de Balzac pour l’animer. Maxime de Trailles, personnage inquiétant que les lecteurs de Balzac connaissaient par quelques Scènes de la vie parisienne, fait une entrée énigmatique qui relève un peu l’intérêt sans le fixer suffisamment. Malgré cela, le lecteur n’est passionné ni par les personnages, ni par les circonstances, ni par les intérêts en présence. Il ne devine pas un lendemain qu’il attend sans curiosité. C’est un autre système de références qui fait l’intérêt et la vérité du Député d’Arcis. Ce roman n’est vivant, il n’est même véritablement intelligible que pour des lecteurs assidus de Balzac. Car, en réalité, il est une suite, c’est le Vingt ans après d’Une ténébreuse affaire : non pas vingt ans après, mais trente-cinq ans après le procès des jumeaux de Simeuse qui consacra le triomphe du sénateur Malin de Gondreville et qui fit de lui non seulement le propriétaire des grands domaines des Simeuse, mais l’homme qui régnait sur le département de l’Aube. Tous les personnages d’Une ténébreuse affaire se retrouvent dans Le Député d’Arcis, tels que les avaient incrustés trente-cinq ans d’histoire. Au centre, le célèbre sénateur, resté influent sous la Restauration, tout puissant sous la monarchie de Juillet, lointain, apparaissant peu. Il est représenté sur place par son fidèle Grévin, associé à sa fortune : vieux notaire octogénaire sagace, le vieux Grévin greffe ses rosiers, vit sagement, mais c’est lui qui dirige secrètement l’élection et surtout c’est lui, grand-père et parrain de Cécile Beauvisage, qui choisira le futur mari de l’héritière. Les autres se sont fait leur trou, grignotent leur fromage. Les témoins à charge du procès Simeuse ont été protégés, aidés, sont riches, occupent les places. Les autres, les fidèles des Simeuse, rongent leur frein en silence. Tous les sentiments secrets des personnages du Député d’Arcis sont commandés par cette tragédie d’autrefois. Mais cette marque originelle sur eux ne commande que des sentiments secrets. La profondeur de Balzac se manifeste en ceci que tout s’est tassé après trente-cinq ans parce que l’histoire aplanit tous les paysages sociaux. L’histoire est comme la plaine de Waterloo, c’est un ossuaire, mais un ossuaire secret, qui est devenu une plaine comme les autres sur laquelle poussent les blés. Alors ce n’est pas entre les vainqueurs et les vaincus d’Une ténébreuse affaire que se règlent les comptes, c’est entre les vainqueurs qui se disputent entre eux. De nouveaux intérêts sont nés, de nouvelles menaces ont apparu qui ont produit des rivalités imprévues et des alliances contre nature. Quand Maxime de Trailles arrive à Arcis, il est porteur de lettres qui l’accréditent auprès des fonctionnaires qui sont des créatures du sénateur Malin de Gandreville, mais il a le mot de passe qui lui permet d’avoir la confiance des anciens piqueurs et des domestiques de la maison Simeuse. Trois jours après son arrivée, il dîne chez le tout-puissant sénateur, mais le lendemain, il passe la soirée au château de Cinq-Cygne où l’attendent le duc Georges de Maufrigneuse, le fils de la célèbre duchesse, et quelques autres amis que Rastignac et de Marsay lui ont donnés comme mentors. Car l’aristocratie de l’Ancien Régime et ceux qui l’ont dépouillée se sentent également menacés par les nouveaux venus de la politique auxquels l’élection d’Arcis risque de donner un siège de député. Admirable leçon d’histoire, si vraie, si éloquente, éternelle. L’un des meilleurs commentateurs de Balzac, Alain, aimait à rappeler la cruauté de la dernière image par laquelle se termine Les Chouans : Marche-à-Terre, un des tueurs les plus féroces du marquis vendéen, menant son bœuf paisiblement au marché de Fougères, paysan anonyme. Le Député d’Arcis contient une conclusion tout aussi amère : tout passe, tout s’oublie, l’intérêt triomphe de tout. Mais les coalitions n’imposent pas silence aux cœurs. Laurence de Cinq-Cygne, lointaine dans son hôtel parisien, vénérée, immobile, est encore présente par son veto, le seul mot qu’elle puisse prononcer : Cécile Beauvisage, héritière milliardaire, mais petite-fille du notaire Grévin, n’épousera jamais le jeune marquis de Cinq-Cygne qu’on lui destinait secrètement. Ce refus est le dernier écho du drame de 1805. C’est par cette vérité amère que Le Député d’Arcis est véritablement une Scène de la vie politique : car il contient une leçon de politique qui dépasse l’intrigue, l’anecdote, qui nous fait pénétrer au cœur de l’histoire vraie, non pas telle qu’on nous la raconte, mais telle qu’elle est. Ces intuitions propres à Balzac, sont une des marques de sa profondeur et un des aspects de son génie. Mais on ne les comprend pas toujours du premier coup. Source analyse : Préface (tome XIX) de La Comédie Humaine éditée chez France Loisirs en 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris.

L’histoire L’action se situe dans le même cadre que celui d’Une ténébreuse affaire dont on retrouve les personnages sous les traits de leurs descendants : Giguet, Goulard, Michu, Violette, les Cinq-Cygne, Simeuse, Chargeboeuf, Malin de Gondreville (dont l’enlèvement avait donné lieu à un procès et qui a maintenant quatre-vingts ans). Les luttes de pouvoir sont tout aussi féroces dans cette petite ville de province où deux partis s’affrontent, chacun des deux étant prêt à tout pour obtenir son statut de député. Cet ouvrage s’inscrit bien dans la continuité de La Comédie Humaine, puisqu’on y retrouve Malin de Gondreville devenu sénateur, Eugène de Rastignac, lui-même député élu pour la deuxième fois, Maxime de Trailles, le baron de Nucingen, la marquise d’Espard, et tout un cercle parisien qui a grand intérêt à régler l’affaire à son avantage. Le nouvel élu devant abandonner son siège à Maxime de Trailles, le roman devait s’achever sur le triomphe du dandy et son mariage avec Cécile Beauvisage. Source histoire :Encyclopédie universelle Wikipédia.  

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              S. Giguet

 

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                 Beauvisage                    

Généalogie des personnages BEAUVISAGE : Fermier à Gondreville. A un fils Philéas, né en 1792, bonnetier qui épouse Séverine Grévin. D’où une fille Cécile-Renée, fille en réalité de Melchior-René de Chargeboeuf. Cécile qui, selon la rumeur, pensait être destinée au jeune marquis de Cinq-Cygne sera probablement l’épouse de Maxime de Traille. GREVIN : Notaire à Arcis, né en 1763.  A épousé une Valet, d’où une fille Séverine née en 1795 qui épouse Philéas Beauvisage. Ils donnent naissance à la petite Cécile  Beauvisage. MAXIME DE TRAILLE : Comte de Traille, né vers 1792, dandy parisien et homme politique. Il briguera dans, cette histoire, le siège de député qu’il obtiendra au détriment du nouvel élu. GIGUET : Famille champenoise comprenant un officier de gendarmerie (voir Une Ténébreuse Affaire et Député d’Arcis), une sœur qui épouse Marion, un frère fait colonel qui épouse une hambourgeoise qui meurt en 1814 d’où 3 enfants : un fils Simon Giguet, avocat, et deux fils morts en 1818 et 1825. GOULARD : Maire de Cinq-Cygne. Son fils Antonin est le sous-préfet d’Arcis. MICHU : Intendant des Simeuse, guillotiné en 1806. Son fils François, né en 1793 deviendra procureur du Roi à Arcis. François épouse une Girel. VIOLETTE : Fermier en champagne, son petit-fils Jean est bonnetier. SIMEUSE (de) : « Ximeuse est un fief situé en Lorraine. Le nom se prononçait Simeuse ». Cette famille a compté un marquis de Simeuse qui épouse sous Louis XIV, une veuve Cinq-Cygne. Deux fils, un vice- amiral, le deuxième Jean, épouse Berthe de Cinq Cygne. Ils seront exécutés tous les deux en 1792. De cette union il résulte deux frères jumeaux, Marie-Paul et Paul-Marie, nés en 1773. Tués tous les deux en 1808 (Voir Une Ténébreuse Affaire). CHARGEBŒUF : (Duinef de) Famille noble et l’une des plus illustres du vieux comté de Champagne représentée par : Le marquis de Chargeboeuf né vers 1737, Une demoiselle de Chargeboeuf chez qui allait parfois Talleyrand, Melchior-René de Chargeboeuf, sous-préfet à Arcis puis à Sancerre, père probable de Cécile Beauvisage. Un Chargeboeuf, secrétaire du procureur général Grandville. Un Chargeboeuf qui vit à Coulommiers avec sa femme et dont une fille est séduite puis épousée par Vinet (Voir Pierrette). Une veuve qui vit à Provins avec sa fille Bathilde, laquelle épouse Rogron (Pierrette). La famille Cinq-Cygne est une branche cadette des Chargeboeuf. CINQ-CYGNE : (Duinef de) Famille noble de Champagne, représentée par : Une veuve Cinq-Cygne, qui sous Louis XIV, épouse un Simeuse ; Berthe de Cinq-Cygne épouse Jean de Simeuse, d’où deux fils, Marie-Paul et Paul-Marie jumeaux ; Un comte de Cinq-Cygne, frère de Berthe, mort avant 1789, laissant une veuve qui meurt en 1793 et deux enfants : Jules tué dans l’armée des Princes et Laurence, née en 1781, qui épouse Adrien de Hauteserre qui prend son nom – d’où deux enfants : Berthe qui épouse Georges de Maufrigneuse et Paul, député d’Arcis. MALIN DE GONDREVILLE : Malin de L’Aube puis comte Malin de Gondreville est un homme politique né en 1759 (Voir Ténébreuse affaire ; Paix du ménage). Epouse une Sibuelle, fille d’un fournisseur assez déconsidéré. D’où un fils, Charles, militaire, tué en 1823 qui a eu un fils naturel de Mme Colleville ; une fille Cécile qui épouse François Keller, député libéral puis comte et pair de France ; une autre fille qui épouse le duc de Carigliano. Source généalogie des personnages : Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard.

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