Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Facino Cane

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac Xe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie parisienne

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                   Facino Cane

  FACINO CANE  

Conte d’Honoré de Balzac (1836)  

Analyse de l’oeuvre Facino Cane a été placé par Balzac ainsi que Sarrasine et Pierre Grassou dans les Scènes de la vie parisienne, immédiatement avant l’histoire l’Histoire des parents pauvres. Facino Cane appartient à une période assez différente de la production de Balzac puisque cette nouvelle a été publiée au moment ou Balzac devait fournir de la copie pour faire face à la publication périodique de la Chronique de Paris, le journal bi-hebdomadaire qu’il avait imprudemment acheté en 1836. En outre, Facino Cane n’a été classé que tardivement dans les Scènes de la vie parisienne : Ce conte appartient d’abord, à juste titre, aux Etudes philosophiques parmi lesquelles Balzac l’avait d’abord placé. Ce conte de Balzac se compose de deux parties habilement jointes, mais différentes, qui n’ont qu’un point commun : elles sont deux exemples de ces particularités physiologiques qui intéressaient Balzac depuis sa jeunesse et qui lui ont fourni le sujet de la plupart de ses Etudes philosophiques. La première partie est souvent citée par les historiens de Balzac. C’est une évocation de ses années de jeunesse au temps où il écrivait secrètement ses premières ébauches dans une mansarde de la rue Lesdiguières, près de la Bastille. Après son travail, il lui arrivait, le soir, d’aller se promener sur le boulevard Bourdon tout proche, endroit désert où il ne risquait pas de rencontrer des amis de sa famille. Il s’amusait à suivre des passants, et par les paroles qu’il entendait, il reconstituait leur vie, il partageait leurs préoccupations et leurs pensées, il devenait ceux qu’il suivait ainsi. Cette faculté de pénétrer par intuition dans une autre vie, de l’imaginer tout entière à partir de minimes observations, de remarques perçues d’instinct, lui paraissait analogue au don de « seconde vue ». Ce pouvoir qu’il avait, lui semblait, à ce titre, de même nature que ceux que certains individus possèdent ou parviennent à développer en eux et le mettait sur la piste de ces organes atrophiés, de ces antennes, qui subsistent dans certaines sensibilités humaines et qui sont analogues aux sens mystérieux et inconnus de nous que possèdent les animaux. La vie mouvementée que le mendiant aveugle raconte à Balzac et qui forme la seconde partie du récit contient un fait du même ordre. Ce mendiant porte un nom célèbre, il appartenait jadis à une famille patricienne de Venise, il a tué un rival, il a été condamné, il a réussi à s’échapper. Mais il avait un don qui lui a permis non seulement de se guider dans son évasion, mais de faire une grande fortune : il avait le pouvoir de sentir l’or, comme un chien sent un gibier. C’est ce don qui, selon lui, a fini par lui faire perdre la vue. C’est comme exemple de ces pouvoirs étranges que possèdent certains hommes que Balzac le fait entrer dans sa galerie des extra-lucides.

L’Histoire Balzac donne naissance à ce conte, suite à une invitation qu’il a reçue de sa femme de ménage, la femme d’un ouvrier, de lui faire l’honneur d’assister à la noce de l’une de ses sœurs. Le festin et le bal sont donnés chez un marchand de vin. L’orchestre loué pour l’occasion se compose de trois aveugles des Quinze-Vingts dont le joueur de clarinette, octogénaire, retient toute l’attention de l’auteur. Ce personnage énigmatique est Facino Cane. Originaire de Venise où son père a trouvé refuge pour échapper aux Visconti, Marco Facino Cane est le descendant du célèbre condottiere Facino Cane dont les conquêtes ont profité aux ducs de Milan. La pauvreté affichée de ce vieillard rendrait quiconque incrédule du fait qu’il fût autrefois sénateur de Venise. En 1760 Facino Cane est jeune, beau, riche et de surcroit amoureux de la jeune et belle épouse du riche sénateur Sagredo. Surpris tous deux, causant d’amour, par le mari, le jeune amant sauve sa vie en tuant l’époux de Bianca. Prenant la décision de s’enfuir – il est cependant condamné et tous ses biens sont confisqués au profit de ses héritiers. Réfugié à Milan et ayant la passion de l’or, il s’endette au jeu. Totalement ruiné, il trouvera repos et refuge, quelque temps, chez son ancienne maîtresse. Il sera retrouvé et emprisonné. Bianca meurt de ses blessures pour avoir tenté de le sauver. Condamné à mort, il découvrira, camouflé derrière deux blocs de pierres de sa prison, une ébauche de passage secret. Il entreprend dès lors son évasion et poursuit le travail laissé par son prédécesseur. En creusant, il découvrira la pièce où sont serrées les réserves du trésor du denier de Venise. Afin de s’assurer du succès de son plan d’évasion et du vol du trésor, il achètera l’aide du geolier. Exilé à Paris et riche de six millions, Facino Cane mène grand train à la cour de Louis XV. Il s’éprend d’une des amies de madame du Barry, il aime – son bonheur est complet. Il sera de courte durée, Facino Cane est frappé de cécité et dépouillé de sa fortune par sa maîtresse. Paria, réfugié en France sous un faux nom, il n’ose solliciter de l’aide et c’est à nouveau ruiné qu’il entrera dans l’orchestre des Quinze-Vingts comme musicien. Source analyse : Préface et histoire recueillies d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (tome XVI) publié par France Loisirs 1986 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.

Les personnages Marco Facino Cane : Prince de Varèse, mort en 1820.

Source : Félicien Marceau « Balzac et son monde », Gallimard.

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