Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Les Employés

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Scènes de la vie parisienne

Picture 1

          Employé Phellion

  LES EMPLOYES    

Picture 2

    Employé Bidaut-Gigonnet

Dédicace d’Honoré-de-Balzac A LA COMTESSE SERAFINA SAN-SEVERINO, NEE PORCIA   Obligé de tout lire pour tâcher de ne rien répéter, je feuilletais, il y a quelques jours, les trois cents contes plus ou moins drolatiques de Il Bandello, écrivain du seizième siècle, peu connu en France, et publiés dernièrement en entier à Florence dans l’édition compacte des Conteurs italiens : votre nom, de même que celui du comte, a aussi vivement frappé mes yeux que si c’était vous-même, madame. Je parcourais pour la première fois Il Bandello dans le texte original, et j’ai trouvé, non sans surprise, chaque conte, ne fût-il que de cinq pages, dédié par une lettre familière aux rois, aux reines, aux plus illustres personnages du temps, parmi lesquels se remarquent les nobles du Milanais, du Piémont, patrie de Il Bandello, de Florence et de Gênes. C’est les Dolcini de Mantoue, les San Severini de Crema, les Visconti de Milan, les Guidoboni de Tortone, les Sforza, les Doria, les Frégose, les Dante Alighieri (il en existait encore un), les Frascator, la reine Marguerite de France, l’empereur d’Allemagne, le roi de Bohême, Maximilien, archiduc d’Autriche, les Medici, les Sauli, Pallavicini, Bentivoglio de Bologne, Soderini, Colonna, Scaliger, les Cardone d’Espagne. En France : les Marigny, Anne de Polignac princesse de Marsillac et comtesse de La Rochefoucauld, le cardinal d’Armagnac, l’évêque de Cahors, enfin toute la grande compagnie du temps, heureuse et flattée de sa correspondance avec le successeur de Boccace. J’ai vu aussi combien Il Bandello avait de noblesse dans le caractère : s’il a orné son œuvre de ces noms illustres, il n’a pas trahi la cause de ses amitiés privées. Après la signora Gallerana, comtesse de Bergame, vient le médecin à qui il a dédié son conte de Roméo et Juliette ; après la signora Molto magnifica Hypolita Visconti ed Ateliana, vient le simple capitaine de cavalerie légère Livio Liviano ; après le duc d’Orléans, un prédicateur ; après une Riario, vient messer magnifico Girolamo Ungaro, mercante lucchese, un homme vertueux auquel il raconte comment un gentiluomo navarese sposa une che era sua sorella et figliuola, non lo sapendo, sujet qui lui avait été envoyé par la reine de Navarre. J’ai pensé que je pouvais, comme Il Bandello, mettre un de mes récits sous la protection d’une virtuosa, gentilissima, illustrissima comtessa Serafina San-Severina, et lui adresser des vérités que l’on prendra pour des flatteries. Pourquoi ne pas avouer combien je suis fier d’attester ici et ailleurs, qu’aujourd’hui comme au seizième siècle, les écrivains, à quelque étage que les mette pour un moment la mode, sont consolés des calomnies, des injures, des critiques amères, par de belles et nobles amitiés dont les suffrages aident à vaincre les ennuis de la vie littéraire. Paris, cette cervelle du monde, vous a tant plu par l’agitation continuelle de ses esprits ; il a été si bien compris par la délicatesse vénitienne de votre intelligence ; vous avez tant aimé ce riche salon de Gérard que nous avons perdu, et où se voyaient , comme dans l’œuvre de Il Bandello, les illustrations européennes de ce quart de siècle ; puis les fêtes brillantes, les inaugurations enchantées que fait cette grande et dangereuse syrène, vous ont tant émerveillés, vous avez si naïvement dit vos impressions, que vous prendrez sans doute sous votre protection la peinture d’un monde que vous n’avez pas dû connaître, mais qui ne manque pas d’originalité. J’aurais voulu avoir quelque belle poésie à vous offrir, à vous qui avez autant de poésie dans l’âme et au cœur que votre personne en exprime ; mais si un pauvre prosateur ne peut donner que ce qu’il a, peut-être rachètera-t-il à vos yeux la modicité du présent par les hommages respectueux d’une de ces profondes et sincères admirations que vous inspirez. De Balzac.

Analyse de l’oeuvre Les œuvres réunies dans ce tome appartiennent encore aux Scènes de la vie parisienne, mais elles ont été écrites à des dates différentes et correspondent à des phases différentes de la production de Balzac. La première d’entre elles, Les Employés, a été publiée en feuilleton dans le journal La Presse en juillet 1837. La vie de Balzac avait été particulièrement mouvementée pendant les mois précédents. La déconfiture de la Chronique de Paris avait entraîné pour lui de nombreuses complications. Balzac était poursuivi par ses créanciers, il avait dû abandonner son domicile de la rue Cassini et se cacher dans une mansarde de Chaillot où il vécut au mois d’octobre 1836. Un traité avantageux avec deux hommes d’affaires, Delloye et Lecou, lui avait assuré un répit, mais les poursuites avaient recommencé au début de l’année 1837 : pour échapper à ses créanciers, Balzac était allé faire un voyage de trois mois en Italie d’où il était revenu au début de mai 1837. Dès son retour, les poursuites avaient recommencé. C’est dans ces conditions que Balzac dut se remettre au travail et qu’il annonça à Mme Hanska un nouveau projet urgent, une nouvelle intitulée La Femme supérieure qu’il espérait écrire en quatre jours : c’est de ce projet que sortit son roman, Les Employés. Ce roman important de Balzac a longtemps déconcerté les critiques et les historiens de Balzac. On n’en a reconnu l’intérêt qu’à une date assez récente lorsque la thèse de doctorat que lui a consacrée Anne-Marie Meininger l’a placé sous un éclairage nouveau en montrant de quelles préoccupations de Balzac il était l’écho. Malgré cette mise en valeur, l’embarras des critiques et des historiens n’est pas sans raisons. On sent trop que Balzac a mêlé dans cette œuvre deux objectifs différents, et même deux sujets qu’il n’a pas su réunir en un tout fortement organisé. C’est l’histoire de l’œuvre elle-même qui donne le secret de ces hésitations et qui en révèle la double signification.

Picture 3

         Les employés

Le titre, d’abord, surprend. Le titre originel, La Femme supérieure, annonce une « étude de femme ». Le titre définitif, Les employés, annonce une « étude de milieu ». En principe, les deux études n’en font qu’une. En fait, les deux études sont superposées, elles ne sont pas liées, et Balzac le sentait parfaitement. L’histoire est bien celle d’une « femme supérieure », belle, intelligente, séduisante, rêvant d’une brillante destinée qui se dérobe. Le mari est un homme de premier ordre, fonctionnaire important, arrêté dans sa carrière. Ils luttent l’un et l’autre pour sortir de cette ornière, chacun par ses propres moyens, la femme en créant un milieu qui met son mari en valeur, le mari, qui a l’étoffe d’un homme d’Etat, en préparant un projet qui aboutit à une refonte complète du mécanisme administratif. Ils sont sur le point de triompher l’un et l’autre. Mais ils sont victimes des petitesses et des manœuvres de tous ceux qui grouillent dans un ensemble administratif et qui peuvent peser sur un ministre et sur son cabinet. Un coup de théâtre amène leur défaite : l’administration restera ce qu’elle est, la toile d’araignée des employés, le mari, dégoûté, démissionne, « la femme supérieure » a perdu la partie. C’est bien une seule histoire en apparence. Mais le sujet a glissé : au début, toute la lumière est sur « la femme supérieure », c’est sa vie qu’on raconte, à la fin toute la lumière est sur les employés, c’est un milieu social qu’on décrit. Le sujet des Employés a supplanté celui de La Femme supérieure. Picture 4 Balzac l’a fort bien reconnu. Il le dit, à mots couverts, dans une préface qu’il écrivit plus tard pour ce livre : « Si l’auteur, dit-il, abandonne ses idées premières pour des idées surgies après son plan primitif, il les trouve sans doute de plus agréable façon…la main-d’œuvre est moins chère, le personnage exige moins d’étoffe dans son habillement, les couleurs de la description sont moins coûteuses…Si vous trouvez ici beaucoup d’employés et peu de femmes supérieures, cette faute est explicable pour les raisons sus-énoncées : les employés étaient prêts, accommodés, finis, et la femme supérieure est encore à peindre. » Que s’était-il donc passé ? Balzac avait de bonnes raisons de prendre pour sujet l’impatience d’une « femme supérieure » contre la lourdeur et l’inertie de la mécanique administrative. Il en avait sous les yeux un exemple qui causait de l’irritation. Sa sœur Laure qu’il aimait beaucoup, qui était fort admirée dans la famille, avait épousé un polytechnicien dont on attendait beaucoup et qui végétait à Bayeux comme fonctionnaire des Ponts-et-Chaussées. Laure s’ennuyait à Bayeux, son mari Surville n’avançait pas. Il faisait pourtant du zèle. Trois ans après son mariage, en 1825, il avait préparé un projet, celui du canal de l’Essonne, qu’il soumit à son administration. Ce projet dormit pendant quatre ans dans les cartons du ministère et finalement fut refusé. Balzac fut si indigné de ce refus qu’il commença peu après, en 1833, un conte qui ne fut jamais achevé, Aventures constitutionnelles et administratives d’une idée heureuse et patriotique qui est une première ébauche de son acte d’accusation. Surville quitta l’administration et se consacra à un nouveau projet de canal, celui de la Loire inférieure, qui ne fut pas mieux reçu et qui fut un échec. Ces déboires inspirèrent à Balzac d’autres réflexions amères qu’on trouve dans Le Curé de village et dans sa nouvelle Z. Marcas. Laure s’aigrissait de ces déceptions, elle parlait de sa vie manquée. Elle aurait voulu briller, conseiller son mari, être entourée du luxe et des satisfactions de vanité qui accompagnent le succès. Son amertume était vive, on la plaignait. Il est très possible que cette situation ait pu donner à Balzac l’idée de peindre une « femme supérieure » souffrant de ne pouvoir débuter sur le théâtre auquel elle se croit destinée. Cela ne donnait, toutefois, qu’un sujet. Il y avait une transposition à inventer. La « femme supérieure » de Balzac, la brillante Célestine Rabourdin, fille riche – ce que Laure n’était pas – vivait à Paris, à un étage de la vie sociale auquel Laure n’a jamais abordé, et n’était pas privée des jouissances de vanité dont Laure était frustrée. Nous ne savons rien sur cette transposition qui suppose peut-être une référence complémentaire. Mais c’est le sujet lui-même qui, en se développant, fit intervenir des éléments étrangers à cette donnée initiale. La confrontation d’une femme intelligente avec une barrière sociale, ennemi anonyme, peut-être une situation pathétique : mais, pour dépasser la simple analyse, pour qu’il y ait drame, il faut qu’il y ait lutte et qu’on désigne, par conséquent, un enjeu et un adversaire. L’enjeu est facile à trouver, c’est la promotion à laquelle aspire Rabourdin. Mais l’adversaire doit être montré, suffisamment décrit pour qu’on ait une idée de sa puissance méconnue qui explique son succès. Dans le sujet choisi par Balzac, les employés ne peuvent être l’adversaire : ils sont simplement les composants d’un ensemble appelé les bureaux, qui sont non pas l’agent, mais le théâtre de l’action. Ce ne sont pas les employés qui décident du destin de Rabourdin, mais une manœuvre qui est montée par des forces étrangères à l’administration elle-même, des prêtres, des usuriers, des intrigants qui font découvrir ce que peut la coalition souterraine des rongeurs aux aguets. Balzac les appelle des « termites ». Il les compare à ces tarets, petits vers invisibles qu’on trouve dans l’eau de mer, qui percent les bois immergés, les parois de navires, les pilotis des quais, et qui, cent ans plus tôt, avaient causé d’immenses dommages en détruisant les digues de Hollande. Cette découverte des tarets marque, d’une certaine manière, une date dans l’œuvre de Balzac. Car dans son exploration de Paris, Balzac avait bien montré les cavernes et trous à rats auprès desquels les Parisiens passent sans les apercevoir : mais c’étaient simplement des bouches d’égout, le drame social se jouait au-dessus d’eux, ils n’y prenaient point part. Pour la première fois, ils sont des acteurs, et même des vainqueurs. Attentifs, patients, ils détruisent : non pour détruire, mais par l’effet du seul sentiment qu’ils connaissent, la cupidité. Et ce sous-sol social que Balzac découvre, à Paris d’abord, puis en province, Balzac va le faire apparaître peu à peu dans ses prochains romans, on peut suivre ce sillage dans Ursule Mirouêt, dans Pierrette, dans Le Cousin Pons, et plus nettement encore dans Les Petits Bourgeois et dans Les Paysans. Cette faune d’invertébrés, aussi typique, mais bien plus active que celle des employés, est une annexion importante par laquelle Balzac enrichit son exploration sociale et aussi le clavier de ses mécanismes dramatiques. Les modèles, il les avait eu sous les yeux. Il les avait même reproduits, mais seulement comme des spécimens zoologiques, dans certaines de ses nouvelles, dans La Maison du chat qui pelote, dans quelques passages de Ferragus ou d’Une double famille, dans certaines parties de César Birotteau, mais sans leur confier un rôle décisif dans l’action. Balzac les avait bien connus dans ce quartier du Marais où il avait passé sa jeunesse, parmi les commerçants de sa famille maternelle : on les voit apparaître de moment en moment dans la correspondance familiale, ombres légères qui passent au fond du décor sous les noms de Malus, Vomorel, Dablin, dont nous savons peu de choses et qu’il est impossible, bien entendu, de désigner comme des originaux de tel ou tel personnage des Employés.

Picture 5

  Madame Saillard et sa                        fille

Cette figuration tient sa place parmi les obstacles que rencontre la « femme supérieure » : elle ne nous éloigne pas du sujet que Balzac s’est proposé, elle en est, au contraire, un élément indispensable. Il n’en est pas de même de la collection des « employés » qu’on va voir défiler en bon ordre après la mise en place de l’exposition du roman et dont la parade va exiger tant d’espace qu’on va oublier la « femme supérieure » reléguée dans son salon, loin du théâtre de la guerre. Or, cette description des employés n’était pas moins importante pour Balzac que sa découverte des termites. Elle l’était même encore davantage parce que Balzac prit conscience, en désignant cette ménagerie, qu’il réalisait, dans un secteur particulièrement favorable et typique, cette nomenclature des espèces sociales qu’il s’était donnée pour objet dès ses premières nouvelles et qu’il allait bientôt revendiquer comme le fil conducteur de toute La Comédie Humaine. Car aucun roman de Balzac n’illustre aussi clairement le principe que Balzac posait dans le célèbre Avant-Propos de La Comédie Humaine en 1842 : « Il a existé, il existera de tous temps des Espèces Sociales comme il y a des Espèces Zoologiques. Si Buffon a fait un magnifique ouvrage en essayant de représenter dans un livre l’ensemble de la zoologie, n’y avait-il pas une œuvre de ce genre à faire pour la Société ? » Les « employés » appartiennent en effet à un « genre » social, la petite bourgeoisie et, dans ce genre, ils constituent clairement une « espèce ». La « projection » était significative dans ce cas particulier. Mais c’est finalement cette signification exemplaire des Employés qui va déséquilibrer tout le roman, non seulement par la place que la description exigeait, mais encore par les additions dont Balzac crut indispensable de l’enrichir. Car, si la version de La Femme supérieure, qui parut sous ce titre dans La Presse en 1837, présentait l’inconvénient, dont Balzac s’excuse lui-même, de sacrifier le personnage principal à la description d’un certain « milieu », ce déséquilibre fut aggravé dans la version définitive que nous lisons aujourd’hui : c’est celle que Balzac présenta sous le titre Les Employés lorsqu’il fit recomposer son roman en 1842 pour son entrée dans l’édition de La Comédie Humaine. Quatre ans après la publication de La Femme supérieure, en 1841, une maison d’édition commanda à Balzac une Physiologie de l’Employé. Balzac, qui ne cédait ses œuvres que pour un temps d’exploitation limité, était libre, à cette date, d’utiliser le texte de son roman. Il prit donc des ciseaux, découpa dans La Femme supérieure toute la partie consacrée aux employés, y ajouta quelques pages de présentation sur l’administration, ses manies, ses pompes et ses œuvres, et fit suivre le tout de quelques physionomies d’employés qui n’avaient pas fait partie de la figuration initiale. Pour l’amusement des lecteurs, la classification zoologique des employés était accentuée dans cette présentation et le lecteur avait l’impression de visiter l’arche de Noé. Cette fantaisie plut au public et surtout elle plut à Balzac qui trouvait là une application publicitaire très expressive de son idée générale d’une histoire naturelle de la société. Quand il reprit le texte de La Femme supérieure pour le faire entrer dans l’édition de La Comédie Humaine, Balzac trouva sa description primitive des employés bien succincte en comparaison du tableau plus complet qu’il en avait donné dans sa Physiologie. Il reprit donc ses ciseaux et ajouta à La Femme supérieure une partie des portraits nouveaux et des considérations générales de son petit essai. La description des employés en fut enrichie, mais le déséquilibre entre les deux hémisphères du roman fut aggravé. Balzac s’aperçut alors que le roman qu’il avait fait n’était pas celui qu’il avait voulu faire. Il en avait eu l’intuition dès le début : il voulait ajouter une quatrième partie à son roman qui lui paraissait une histoire incomplète des deux personnes auxquelles il avait voulu intéresser ses lecteurs. Il y renonça : c’était un travail qui exigeait trop de temps. Balzac préféra un simple constat. Dans l’édition de La Comédie Humaine, il intitula cette version augmentée de son roman : Les Employés ou La Femme supérieure. Et finalement, lorsqu’il indiqua sur son exemplaire de l’édition Furne de La Comédie Humaine les corrections qu’on devrait apporter à une édition suivante, il choisit comme titre définitif Les Employés : et c’est le titre sous lequel son roman est connu depuis cette date.

L’histoire Le drame se noue dans les bureaux d’un ministère où pour succéder au chef de division, le défunt Monsieur de la Billardière, deux chefs de service, Xavier Rabourdin et Ysidore Baudoyer se font concurrence pour le poste. Xavier Rabourdin, estime mériter cette promotion par son ancienneté et son mérite. Homme capable, Monsieur Rabourdin, appuyé par son épouse, Célestine, travaille depuis plusieurs années dans le plus profond secret à un grand projet de réforme administrative. Celui-ci consiste dans la refonte du personnel et, vise à redorer l’opinion du peuple pour la bureaucratie. En employant moins de collaborateurs, l’Administration récompensera les meilleurs d’entre eux par des avancements selon leur mérite, les pensions seront supprimées et l’Administration en formant ses jeunes employés pourra pourvoir à leur fidélisation et à leur avancement en fonction des compétences de chacun. Le deuxième chef de bureau, Monsieur Isidore Baudoyer, issu du même ministère est, lui soutenu par l’Eglise et par un cercle de petits bourgeois intrigants. Ce dernier est également aiguillonné par l’ambition de sa femme, Elisabeth. La bataille va donc se jouer entre les deux femmes qui organisent chacune leur plan et réunissent leurs partisans en deux clans bien distincts. Le comte des Lupeaulx, secrétaire général du ministre, fait une cour assidue à Célestine Rabourdin, ce qui lui donne une longueur d’avance sur sa rivale. Mais la ténacité de l’Eglise et des petits bourgeois dont les intérêts sont en jeu, s’attèlent à ruiner la notoriété du clan Rabourdin au profit de Baudoyer. Une erreur commise par Sébastien, le jeune secrétaire de Xavier Rabourdin, dévoile les travaux secret du chef de bureau sur son projet de réforme. Ce dernier, sera accusé à l’unanimité « d’exécuteur administratif ». Cette faute lui sera fatale pour faire éclater un scandale alimenté par le camp adverse et qui aura pour but de déshonorer Rabourdin qui sera contraint de donner sa démission.

Picture 6

 Surnuméraires à l’enregistrement

Source analyse/histoire : Préface recueillie d’après le texte intégral des œuvres de la Comédie Humaine (Tome XVII) publié par France Loisirs 1985 sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac.  Les Employés ou la Femme supérieure est paru en édition originale en 1838, sous le titre La Femme supérieure, en deux volumes chez l’éditeur Werdet. En 1843, Balzac dédie l’ouvrage à David d’Angers (qui a fait un médaillon et une sculpture de l’auteur). L’œuvre paraît finalement sous un autre titre en 1844, aux éditions Furne, dans les Scènes de la vie parisienne : Les Employés ou la Femme supérieure. Le titre sera encore modifié en 1845 et deviendra Les Employés. Dans sa grande entreprise visant à donner tous les aspects de la société dans laquelle il vivait, Balzac attaque ici un sujet qui pouvait sembler mineur à son époque, mais qui apparaît de nos jours presque contemporain. La vie de bureau, ses mesquineries, les intrigues pour obtenir un poste supérieur, sont le lot quotidien des personnages du roman dont la plupart sont des figures secondaires de La Comédie Humaine. A part le caricaturiste Jean-Jacques Bixiou qui apparaît aussi dans La Rabouilleuse, le comte des Lupeaulx qui a un rôle important dans La Cousine Bette, La Maison Nucingen et Splendeurs et misères des courtisanes, et Célestine Rabourdin (également dans La Cousine Bette), les protagonistes sont à l’image de leurs enjeux somme toute assez mesquins. Source complément: Encyclopédie universelle Wikipédia.

Picture 7

    Personnage utilisé          pour représenter                  Rabourdin

Les personnages Monsieur de la Billardière : Chef de la division des deux bureaux qui est mourant et qui meurt dans le cours de l’histoire. Xavier Rabourdin : Homme honnête et capable, qui dirige en tant que chef l’un des bureaux de la division de la Billardière. Il est à l’origine d’un projet de réforme de l’Administration et postule pour le poste vacant de la Billardière. Les subordonnés de Rabourdin sont : Fleury qui est un pro Rabourdin, Sébastien son fidèle jeune secrétaire, Dutocq dont la fourberie et la convoitise amèneront à trahir son chef pour le camp adverse, le bureau Baudoyer; Poiret qui est à la veille de la retraite, Phellion, Thuillier et Vimeux. Célestine Rabourdin : Epouse et femme aimante du sieur Rabourdin. Son refus aux avances de des Lupeaulx contribuera à la vengeance de ce dernier de voir Baudoyer prendre la place de Rabourdin. Isidore Baudoyer : Niais et peu capable – concurrent de Rabourdin au poste de La Billardière. Ses subordonnés sont : Godard, du Bruel qui vise le poste en chef de bureau au cas où Baudoyer devient chef de division, Bixiou qui vise aussi le poste de chef de bureau, Minard pour l’avancement de commis principal, Desroys, Colleville pour l’avancement de sous-chef, Paulmier. Elisabeth Baudoyer : Rivale jalouse de Célestine (qui est une belle femme) et de son couple. Clément des Lupeaulx :Secrétaire général du ministre et courtisan de Célestine Rabourdin. Amant dédaigné par Célestine, il s’emploiera, par vengeance et intérêt, à briser la carrière de son mari et sera le principal instigateur de ce drame.

No Comments
Post a Comment