Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Adieu

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XVe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1874)

Etudes philosophiques Picture 1  

ADIEU (1830) – Etude philosophiques  

Œuvre dédiée AU PRINCE FREDERIC SCHWARZENBERG  

Analyse de l’oeuvre Publiée dans la Revue des Deux Mondes en mai 1830, Adieu est une des plus singulières et des moins connues des nouvelles de Balzac. Philippe de Sucy, officier rentré en France en 1820 après huit ans de captivité en Sibérie, retrouve par hasard la comtesse de Vandières, sa maîtresse, qu’il avait quittée dans des circonstances dramatiques au moment où les derniers bataillons de l’arrière-garde franchissaient la Bérézina : un des énormes glaçons charriés par le fleuve avait, devant elle, tranché la tête de son mari. Il la retrouve folle, décharnée, inconsciente, vivant comme une bête, poussant des cris inarticulés dans un château isolé où son oncle la soigne. Il est désespéré, la malade est inguérissable. Alors il imagine un moyen audacieux : il reconstitue un jour de décembre, la neige, le pont, les caissons et les voitures brûlés, les traînards et les mourants, enfin le moment tragique où la comtesse avait été frappée de folie. Cette reconstitution réussit trop bien : le regard de la comtesse change, elle reconnaît son amant, la raison revient, mais l’émotion est trop forte, elle en meurt, « cadavérisée », dit Balzac, « comme si la foudre l’avait touchée ». Bien que la nouvelle eût été publiée un an avant La Peau de chagrin, elle était par avance un exemple frappant du pouvoir destructeur de la pensée, qui use « comme la baïonnette use le fourreau », disait Balzac dans La Peau de chagrin, mais qui peut aussi tuer soudainement si elle est « concentrée » en un moment et sur un point. Cette théorie de la mort subite allait être illustrée un peu plus tard par l’essai inachevé que Balzac intitulait Les Martyrs ignorés. La valeur démonstrative d’Adieu était soulignée, dans la Revue des Deux Mondes par cet épigraphe (que Balzac présentait comme un extrait de César Birotteau qui ne devait être publié que sept ans plus tard) : « Les plus hardis physiologistes sont effrayés par les résultats de ce phénomène moral, qui n’est cependant qu’un foudroiement opéré à l’intérieur, et, comme tous les effets électriques, bizarre et capricieux dans ses modes. » Et Balzac faisait dire plus tard à son porte-parole Félix Davin dans l’Introduction aux Etudes philosophiques : « Adieu…dont personne n’a compris la destination dans l’œuvre générale est certes une des plus justes et des plus fermes déductions du thème inscrit dans La Peau de chagrin.. La vie et l’amour tombant (sur l’héroïne) comme la foudre, elle n’en soutient pas l’assaut, elle meurt. » Adieu n’est pas seulement une démonstration. La nouvelle est conçue en 1830 comme une œuvre destinée aux Scènes de la vie militaire. La description du franchissement dramatique de la Bérézina par les dernières troupes de la Grande Armée, documentée par les Mémoires du général de Ségur, est une page admirable qui devrait être plus souvent relue. Cette évocation si impressionnante fait oublier ce qu’il y a d’extraordinaire et de peu vraisemblable dans la situation inventée par Balzac.

L’histoire La comtesse Stéphanie de Vandières, qui avait suivi son vieux mari, le général de Vandières, dans la campagne de Russie, a été sauvée par son ami d’enfance, le major Philippe de Sucy, lors du passage de la Bérézina. Au moment de leur séparation, la jeune femme, prise de panique crie : « Adieu » à son amant resté sur l’autre berge. A l’automne 1819, après être resté prisonnier des Cosaques, pendant six ans et de retour en France depuis onze mois, Philippe de Sucy, devenu colonel, aperçoit, lors d’une partie de chasse dans le parc d’un ancien prieuré à moitié en ruines, le château des Bons-Hommes, près de l’Isle-Adam, la silhouette fantomatique mais toujours d’une étrange beauté, d’une femme qui ne cesse de répéter le mot « Adieu ». Une paysanne idiote, Geneviève, veille sur elle. Le colonel croit reconnaître Stéphanie de Vandières qu’il n’avait jamais revue depuis. L’émotion est si forte que le colonel s’évanouit Monsieur de Grandville (le magistrat intègre d’Une ténébreuse affaire, juge Granville) et sa femme qui habitent non loin de là, lui font respirer des sels. Le surlendemain, Philippe de Sucy, qui a retrouvé ses esprits, charge son ami, le marquis d’Albon, d’aller au château vérifier qu’il ne s’est pas trompé. Là, l’oncle de Stéphanie qui l’a recueillie le docteur Fanjat, confirme l’impression de Philippe : la jeune femme errant dans le parc est bien la maîtresse tant aimée et recherchée depuis si longtemps. Picture 2 Ici, le vieil oncle commence le récit de l’épisode de la campagne de Russie lors de la retraite des armées napoléoniennes et plus particulièrement le fameux passage de la Bérézina. Philippe de Sucy, à qui son ami d’Albon a confirmé l’identité de la jeune femme découvre avec horreur que le comportement de Stéphanie ressemble à celui d’un animal. Il essaie de convaincre le docteur Fanjat de tenter un traitement sur la jeune femme. Il est persuadé qu’un choc émotionnel peut lui faire recouvrer la raison, ce qui n’est pas l’avis du docteur qui pourtant, tente l’expérience. Après plusieurs tentatives sans résultat, il décide de reproduire devant Stéphanie, la scène de leur tragique séparation sur la Bérésina. La mémoire de Stéphanie revient tout d’un coup, mais le retour à la réalité est une sensation trop forte pour la jeune femme, qui en meurt. « La vie et la mort tombent sur elle comme la foudre, elle n’en soutient pas l’assaut. » Dix ans plus tard, le colonel, devenu général, « abandonné de Dieu » se suicide.

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     Emile de Girardin

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                          Vétérans de l’Empire

Le texte d’Adieu paraît en prépublication dans l’hebdomadaire La Mode. Emile de Girardin (1802-1881) est le petit-fils du marquis René-Louis de Girardin (1735-1808), maréchal de camp. Fondateur du quotidien La Presse, Emile de Girardin fait paraître les premiers romans-feuilletons, dont il partage l’invention avec son concurrent Armand Dutacq, directeur du journal Le Siècle. Balzac, notamment fait publier ses romans dans la presse, partiellement à partir de 1831, avant de les publier sous forme de volumes.

Les personnages Général, baron Philippe de Sucy : militaire né en 1789, mort en 1830. Comtesse de Vandières : Stéphanie de Vandière, épouse du comte, général de Vandière, décédé en 1812. Elle meurt de folie en 1820. Fanjat : Oncle de Mme de Vandières.   1) Source analyse : Préface tirée du 23ème tome de La Comédie Humaine éditée chez France Loisirs en 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris. 2) Source histoire : Encyclopédie universelle Wikipédia. 3) Source généalogie des personnages : Félicien Marceau : « Balzac et son monde » (Gallimard).

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