Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Gambara

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XVIe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1877)

Etudes philosophiques Picture 1  

GAMBARA  

Œuvre dédiée, A M. LE MARQUIS DE BELLOY

C’est au coin du feu, dans une mystérieuse, dans une splendide retraite qui n’existe plus, mais qui vivra dans notre souvenir, et d’où nos yeux découvraient Paris, depuis les collines de Bellevue jusqu’à celles de Belleville, depuis Montmartre jusqu’à l’Arc-de-Triomphe de l’Etoile, que, par une matinée arrosée de thé, à travers les mille idées qui naissent et s’éteignent comme des fusées dans votre étincelante conversation, vous avez prodigue d’esprit, jeté sous ma plume ce personnage digne d’Hoffman, ce porteur de trésors inconnus, ce pèlerin assis à la porte du Paradis, ayant des oreilles pour écouter les chants des anges, et n’ayant plus de langue pour les répéter, agitant sur les touches d’ivoire des doigts brisés par les contractions de l’inspiration divine, et croyant exprimer la musique du ciel à des auditeurs stupéfaits. Vous avez créé GAMBARA, je ne l’ai qu’habillé. Laissez-moi rendre à César ce qui appartient à César, en regrettant que vous ne saisissiez pas la plume à une époque où les gentilshommes doivent s’en servir aussi bien que de leur épée, afin de sauver leur pays. Vous pouvez ne pas penser à vous ; mais vous nous devez vos talents.

Analyse de l’0euvre Gambara est un conte paru en mai 1837 dans La Gazette musicale, revue dirigée par Maurice Schlesinger, qui fournit à Flaubert le modèle du mari de Mme Arnoux dans L’Education sentimentale. C’est la transposition, dans le domaine musical, du phénomène d’illusion que Balzac avait montré chez le vieux Frenhofer dans Le Chef-d’œuvre inconnu. René Guise présente en ces termes le parallélisme entre les deux œuvres : « Il s’agit, dans les deux cas, d’un artiste génial et fantasque, capable de commentaires critiques, savant et judicieux sur l’œuvre d’autrui, capable aussi d’exécuter remarquablement, mais qui, lorsqu’il s’agit de l’œuvre dont il rêve et qu’il porte en lui trop longtemps, n’aboutit qu’à un échec. » Naturellement, à l’origine, on retrouve Hoffmann : dans ce cas, il s’agit de Salvator Rosa où figure un vieillard maniaque, qui s’enivre comme Gambara, mais qui alors, au lieu de retrouver son bon sens dans l’ivresse, y puise l’illusion qui lui fait prendre ses cacophonies pour de magnifiques opéras. Et, naturellement aussi, on trouve dans Gambara des théories sur la musique qui correspondent aux théories de maître Frenhofer sur la peinture et des analyses d’opéras qui sont l’équivalent des critiques de Frenhofer sur les tableaux de Porbus. Ce parallélisme n’est toutefois, qu’une partie de l’histoire de Gambara. Ce conte auquel Balzac mit son nom fut l’objet d’étranges tribulations. Le traité avec Maurice Schlesinger avait été signé le 13 octobre 1836. Balzac était, à cette époque, accablé par les poursuites que lui valait la déconfiture de La Chronique de Paris. Il avait été obligé de fuir son domicile pour éviter la prison pour dettes et il s’était réfugié dans un appartement qu’il avait loué à Chaillot. Les mille francs payés par Schlesinger furent bienvenus dans cette débacle. Comme Balzac avait de nombreux engagements, il dut aller vite pour fournir le conte que demandait pour la fin de l’année ou, au plus tard, pour le mois de janvier, époque des réabonnements. Il est probable , comme le pensait Maurice Regard, que Balzac confia à son secrétaire, le comte plus tard marquis Auguste de Belloy qui lui avait fourni le sujet de la nouvelle, le soin d’en rédiger les premières pages. Une bonne partie du manuscrit remis à la fin du mois de janvier se trouvait à la composition chez Everat, 16, rue du Cadran, quand l’imprimerie brûla dans la nuit du Mardi-Gras, le 7 février 1837. On avait tiré les épreuves des 10 premiers feuillets qui purent échapper à l’incendie, mais le manuscrit de toute la partie centrale fut détruit. « Nous avons la tête et la queue sans le milieu », constatait Balzac avec tristesse. Cet accident était d’autant plus grave que Balzac devait partir pour l’Italie afin d’arranger un procès de ses amis Guidoboni-Visconti. Il laissa à Belloy le soin de reconstituer la partie centrale et de terminer le récit. Balzac, lorsqu’il revint d’Italie le 3 mai 1837, fut assez déçu de la version de Gambara qu’on lui présenta. Il fut même si découragé qu’il proposa à Schlesinger de lui donner une autre nouvelle sur un sujet musical, il pensait à Massimilla Doni. La substitution n’eut pas lieu et Balzac se contenta de compléter et de remanier les épreuves de Gambara au moyen de longues et nombreuses additions, qui nécessitèrent neuf jeux d’épreuves successifs. Ces faits expliquent probablement la dédicace chaleureuse que Balzac écrivit en tête de Gambara pour le marquis de Belloy, qui fit plus que de lui apporter l’idée dont il le remerciait. C’est par son apparentement avec Le Chef-d’œuvre inconnu que Gambara peut être regardé comme une autre application des effets destructeurs de la contemplation. Mais c’est aussi un exposé des idées de Balzac sur la musique et en particulier sur les rapports de l’harmonie et de la mélodie. Ces idées sont exprimées dans les longues analyses de l’opéra imaginaire de Mahomet, œuvre de Gambara et du Robert le Diable de Meyerbeer. Les musiciens étaient alors partagés entre partisans de Rossini et partisans de Meyerbeer. La revue de Schlesinger soutenait Meyerbeer et la nouvelle commandée à Balzac devait s’accorder avec l’opinion exprimée dans ses colonnes, bien que Balzac, lui, préférât la musique de Rossini. Ces exposés paraissent aujourd’hui un peu long au lecteur. Beethoven, cité plusieurs fois dans Gambara, apparaissait alors comme un musicien d’avant-garde, comme une sorte d’illuminé. Il n’est pas impossible que Balzac ait pensé à lui en imaginant son Gambara. Jules Janin, qui passait alors pour le meilleur critique musical de son temps, avait écrit trois ans plus tôt une nouvelle, Le Dîner de Beethoven, dans laquelle un auditeur du grand musicien gémissait de ses « sons criards », de sa « symphonie discordante », et en même temps montrait un Beethoven « perdu dans les plus douces extases » et improvisant sous l’effet de l’ivresse. Préface tirée du 23ème tome de La Comédie Humaine éditée chez France Loisirs en 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris.

L’histoire Le comte Andrea Marcosini, noble milanais, flâne au Palais-Royal lorsqu’il découvre dans la foule le visage extraordinaire d’une femme aux yeux de feu. Celle-ci s’enfuit pour lui échapper, mais il la poursuit jusque dans la sordide ruelle où elle disparaît, derrière le Palais-Royal. S’il s’est « attaché aux pas d’une femme dont le costume annonçait une misère profonde, radicale, ancienne, invétérée, qui n’était pas plus belle que tant d’autres qu’il voyait chaque soir à l’Opéra », c’est que son regard l’a littéralement envoûté. Aussitôt, le comte mène une enquête et il découvre que cette femme est mariée à un compositeur de musique : Gambara, également facteur d’instruments, qui a sur la musique des théories et des pratiques déconcertantes. Sa musique n’est belle que lorsqu’il est ivre. Mariana se sacrifie pour lui, fait les travaux les plus humiliants pour maintenir le ménage, car elle croit dur comme fer au génie incompris de son mari. Afin de mieux séduire Mariana, il se proclamera l’ami du couple, et dans un premier temps, il pourvoira matériellement aux besoins du couple. Manipulateur dans l’âme, le comte enlèvera finalement la belle Mariana qu’il abandonnera sans aucun état d’âme pour une danseuse. C’est dans le dénuement le plus complet que Mariana retournera auprès de son mari qu’elle trouvera dans la misère la plus profonde. Paris, Juin 1837 Une partie de l’histoire et certains arguments rapportés sont extraits de l’encyclopédie universelle Wikipédia.

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       Charles Louis Gratia

La liseuse: Portrait de Charles Louis Gratia. Tout laisse à penser que l’artiste se soit inspiré de la comtesse Guidoboni-Visconti pour peindre sa liseuse.

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       Comtesse Guidoboni                           La liseuse

Les personnages Marcosini : Andréa, Milanais à Paris. Gambara : Paolo, musicien italien, né en 1791; a épousé une vénitienne, Mariana.     Source personnages: Félicien Marceau : Balzac et son monde -Gallimard.

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