Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

L’Auberge rouge

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XVe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1874)

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L’AUBERGE ROUGE (1831)  

Œuvre dédiée par Honoré de Balzac:  A MONSIEUR LE MARQUIS DE CUSTINE    

Analyse de l’oeuvre Publié également en 1831 dans la Revue de Paris, L’Auberge rouge est le récit d’un crime secret sur lequel repose une immense fortune : le mot de l’énigme est donné à la fin. Une histoire bien balzacienne, en somme, sur un thème qui remonte à la jeunesse de Balzac et qu’on retrouve dans d’autres romans. Alain admirait beaucoup l’habileté de Balzac dans ce conte qui semble au lecteur une aventure énigmatique de sa jeunesse qu’un vieil Allemand raconte au dessert : ce récit bouleverse tellement un des auditeurs que son trouble le trahit. On peut objecter à Alain que, dans ce cas particulier, Balzac se sert de coïncidences et de signes qui auraient fait rougir Conan Doyle. Cette ingénieuse détective-story n’est, en définitive, qu’un support. L’Auberge rouge est une application saisissante d’une théorie qui sera développée l’année suivante dans Louis Lambert et qui est au centre du système physiologique de Balzac. « Là, selon nous, déclare Félix Davin, à part les détails de cette composition (il veut dire : l’habileté du conteur) se rencontrent les plus sévères déductions du thème général (des Etudes philosophiques). » Ce que Balzac veut montrer, en effet, c’est un exemple de sa théorie sur la puissance et l’autonomie de la pensée. Une idée qui s’installe en nous habite en nous, se développe et vit comme un être intérieur dont nous n’avons pas le contrôle. Toute idée qui naît et germe en nous existe et se manifeste par des intentions, des désirs, des tentations. Ces formes que prend l’idée – c’est la thèse centrale de Louis Lambert – sont nos véritables actions, celles que rêve, que veut, à notre insu, notre être intérieur, et qui, par conséquent, révèlent ce moi insidieux qui se cache en nous. Ce que nous appelons nos actes sont seulement une répétition, une réalisation, de ces actions intérieures conçues par notre inconscient : Balzac les appelle, dans Louis Lambert des re-actions, c’est-à-dire des actions projetées dans le réel, ayant par là une seconde existence, une existence juridique aux yeux des hommes en tant qu’actes. Mais nos actions intérieures, si elles échappent au jugement des hommes, s’inscrivent dans notre vie intérieure et même dans notre vie physiologique comme si elles avaient été effectivement accomplies. C’est le fond de la thèse Balzacienne de la matérialité de la pensée. La tentation criminelle du jeune Prosper Magnan qui est décrite dans le récit, même repoussée avec horreur, est donc aussi grave que le crime que finalement il n’a pas commis. Et il est coupable, il se sent coupable d’avoir conçu ce crime, qu’il a commis en lui sans le commettre en réalité. C’est là le véritable drame et le véritable cas de conscience. On n’en sentira toute l’importance dans la pensée de Balzac que par ce sujet noté sur son Album et qui ne fut pas réalisé : « Le Grand Pénitencier qui meurt tué par le confessionnal où il fait en pensée tous les péchés qu’on lui accuse. » Laure Surville, la sœur du romancier, assure que le sujet de L’Auberge rouge est une « histoire véritable ». On n’en a pas retrouvé l’origine malgré d’ingénieuses recherches des balzaciens. Nouvelle écrite par l’auteur à Paris en mai 1831

Histoire Le banquier allemand Hermann, de passage à Paris, dîne en compagnie de la haute société. Et il raconte à la fin du repas une étrange histoire qu’il a entendue lors de son emprisonnement à Andernach, au moment des guerres napoléoniennes. (Il avait été arrêté comme franc-tireur par les Français). Il s’agit d’un crime commis en 1799. Deux chirurgiens militaires passent la nuit dans une auberge, partageant leur chambre avec un industriel qui a fui les hostilités et qui avoue, au cours du repas, avoir sur lui une somme considérable en or ainsi que des diamants. L’un des deux chirurgiens (Prosper Magnan), très impressionné par cette révélation, ne peut s’endormir et imagine ce que la mort de l’industriel aurait de facile et de fructueux pour lui. Quand enfin il finit par s’endormir, il est réveillé par un remue-ménage : l’industriel a bien été assassiné, qui plus est avec un instrument chirurgical. Prosper Magnan est innocent, mais arrêté, condamné et fusillé. Tandis que le banquier allemand Hermann déroule son récit, le narrateur de « l’auberge rouge », est en train de l’écouter. Or, il est assis en face d’un autre convive qu’il voit se décomposer progressivement au cours du récit d’Hermann : c’est le véritable assassin qui se trouve à la même table que lui, à son insu. Cet homme, Jean-Frédéric Taillefer, on l’apprend plus tard, est le père de Victorine Taillefer que l’on retrouvera dans le Père Goriot. Devenu un grand financier, et couvert d’honneurs, Jean-Frédéric Taillefer, s’est effondré graduellement à mesure que le récit progressait. Son opulence, due à ce crime, n’a pas empêché de douloureux souvenirs (mais pas de remords, il est vrai), et Taillefer est saisi d’une crise nerveuse dont il meurt peu après. Le narrateur balzacien quant à lui a deviné aussitôt la vérité. Mais il est amoureux de Victorine Taillefer et il a des scrupules à épouser une héritière dont la fortune est couverte de sang. Il demande conseil à ses amis qui lui recommandent tous le mariage – où irait-on s’il fallait chercher l’origine des fortunes ?, telle est leur conclusion. Picture 2 Confusion avec un fait divers Ce texte est souvent confondu, à travers les adaptations cinématographiques, avec l’Auberge de Peyrebeille en Ardèche, qui fut le théâtre d’une affaire criminelle au fort retentissement médiatique et qui porte, elle aussi, le nom de l’Auberge rouge. Le roman de Balzac n’a aucun rapport avec ce fait divers. Entretenant la confusion, les éditions Gallimard ont procédé, en 2007, à une réimpression du roman précédemment publié en collection « Folio 2Euros » en 2004, en recourant, en couverture de la nouvelle impression conservant l’ISBN de l’édition de 2004, à une reproduction de l’affiche du film L’Auberge rouge, sorti en 2007, film dont le sujet n’a rien de commun, hormis le titre, avec le court roman de Balzac.

Les personnages Hermann : Négociant allemand Prosper Magnan : Chirurgien militaire, fusillé en 1799. Avait une mère citée dans le même ouvrage. Un autre Prosper Magnan figure dans La Physiologie du mariage. Jean-Frédéric Taillefer : (Beauvais 1779 – Paris 1831) Fournisseur des vivres sous l’Empire et chirurgien militaire, il tue et dépouille, lors d’une halte à l’Auberge rouge, un riche commerçant. Son camarade militaire Prosper Magnan (endormi au moment du crime) sera suspecté et condamné. Il sera finalement fusillé. Grâce à la somme dérobée, Taillefer grandit dans l’échelle sociale : Marié deux fois, il a, du premier lit : Frédéric tué en duel par Franchessini en 1820 et Victorine. Il achève sa carrière militaire avec le grade de capitaine, et endosse la casquette de financier. Devenu banquier, il fréquente les grands de la finance dont Nucingen. Il même grand train et organise de somptueuses réceptions et orgies dans son hôtel particulier de la rue Joubert. Là, se réunissent le monde de Paris. Lors de l’une de ces réceptions, il est terrassé par le souvenir de son forfait, suite à la narration d’un des convives sur le fait divers qui s’est passé à l’Auberge rouge. Il succombe peu après, accablé de remords. Victorine Taillefer : Fille naturelle de Jean-Frédéric Taillefer. Pensionnaire pauvre de la pension Vauquer, elle devient, à la mort de son père, une riche héritière.   1) Source analyse : Préface recueillie dans le tome XXIV France Loisirs, 1987 selon le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac. 2) Source histoire et notes complémentaires : Encyclopédie universelle Wikipédia. 3) La généalogie et les notes afférant aux personnages sont tirées de l’œuvre de Félicien Marceau « Balzac et son monde » Gallimard et Wikipédia.

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