Balzac La Comédie Humaine Analyse de texte Etude de l'œuvre 100 analyses de texte de la Comédie Humaine de Balzac Description détaillée des personnages Classement par 7 types de scènes 26 tomes étudiés en détail

Maître Cornelius

LA COMEDIE HUMAINE – Honoré de Balzac XVe volume des œuvres complètes de H. DE BALZAC par Veuve André HOUSSIAUX, éditeur, Hébert et Cie, Successeurs, 7, rue Perronet, 7 – Paris (1874)

Etudes philosophiques

Picture 1

               Louis XI

  MAITRE CORNELIUS (1831)    

Œuvre dédiée par Honoré de Balzac A MONSIEUR LE COMTE GEORGES MNISZECH  Quelque JALOUX pourrait croire en voyant briller à cette page un des plus vieux et plus illustres noms sarmates, que j’essaye, comme en orfèvrerie, de rehausser un récent travail par un bijou ancien, fantaisie à la mode aujourd’hui ; mais, vous et quelques autres aussi, mon cher comte, sauront que je tâche d’acquitter ici ma dette au Talent, au Souvenir et à l’Amitié.

Analyse et Histoire Cette nouvelle a été publiée dans la Revue de Paris en 1831. Elle appartient à cette phase riche et assez mélangée de la production de Balzac qui suit immédiatement la période de ses premiers succès : la Physiologie du mariage et La Peau de chagrin. L’œuvre de Balzac n’est pas encore organisée, elle se polarise déjà entre les deux séries qui se constituent alors, l’une descriptive et l’autre philosophique, mais en même temps, elle est encore proche des ambitions et des projets que Balzac avait conçus dans les dernières années de sa jeunesse difficile et besogneuse. Maître Cornélius est une de ces œuvres dans lesquelles on reconnaît, comme dans certains épisodes de La Femme de trente ans ou comme dans L’Elixir de longue vie, des traces d’un autre Balzac qui n’avait pas tout à fait disparu. Le Balzac qui ressuscite dans Maître Cornélius est celui qui avait conçu en 1828, après la déconfiture de son imprimerie et de sa fonderie de caractères, le projet d’une histoire de France racontée par une série de romans qui devait être l’équivalent en France de la série des romans historiques de Walter Scott. On voit dans les travaux de Balzac à cette époque que le XVe et le XVIe siècle devaient être deux périodes privilégiées de cette vaste fresque. Maître Cornélius appartient à l’une de ces deux périodes puisque la nouvelle est située sous le règne de Louis XI. Elle évoque d’autant plus le nom de Walter Scott que la figure historique principale est celle du roi Louis XI lui-même que Walter Scott avait décrit dans un de ses romans les plus connus Quentin Durward. Elle rappelle d’autant plus les « romans historiques » dont Balzac avait rêvé qu’elle est contemporaine d’un roman historique célèbre qui venait de paraître, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo qui décrivait des événements de la même époque. Cette résurgence ne fut pas particulièrement heureuse. Balzac inventa pour sa nouvelle une intrigue romanesque dont le principal personnage est un jeune gentilhomme d’une très grande famille, amoureux de la comtesse de Saint-Vallier, une fille naturelle de Louis XI. Il entre comme apprenti dans la maison voisine, celle du vieil avare richissime Cornélius, argentier et ami du roi, pour pénétrer dans la maison en forme de forteresse où le comte de Saint-Vallier, vieux et jaloux, enferme sa jeune femme. Il parvient à rejoindre sa maîtresse la nuit en passant par les cheminées et par les toits. Mais on constate en même temps la disparition de l’or, des bijoux et des pierres précieuses que le vieux Cornélius entassait. Cornélius accuse son apprenti sans savoir que le voleur volé n’est autre que lui-même, pillant ses richesses pendant ses crises de somnambulisme. C:\Users\Marilyne\Desktop\Honore De Balzac Maitre Cornelius.jpg Cornélius soupçonne son apprenti, et Louis XI soupçonne Cornélius son argentier. L’autodestruction reste la seule issue pour Cornélius, qui se tranche la gorge avec un rasoir et emporte avec lui le secret de l’or disparu. Le lecteur ne croit pas trop à cette aventure, même s’il en accepte les invraisemblances : il devine trop bien que tout s’arrangera à la fin. Le meilleur de la nouvelle est le portrait du roi Louis XI et de son entourage, en son château de Plessis-lez-Tours. On y devine, mais trop rapidement, la réhabilitation de Louis XI qui faisait partie, comme celle de Catherine de Médicis, des projets de la jeunesse de Balzac. Le lien avec la thèse exposée dans les Romans et contes philosophiques est évident, bien qu’il n’ait pas toujours été bien compris. Ces contes n’ont pas seulement pour objet de montrer la puissance d’une idée acceptée, fondamentale, s’imposant à toute une vie et pouvant conduire à des actes qui paraissent atroces. Ils doivent aussi montrer que l’idée peut être une force intérieure, souvent inconsciente, qui agit en nous comme un « être intérieur » que nous ne connaissons pas, comme une sorte d’étranger qui nous dicte des actes incontrôlables. La pensée pour Balzac, est une force matérielle, une sorte de fluide qui agit en nous par des cheminements inconnus, nous donnant tantôt une force mystérieuse, tantôt des intuitions, des appels, produisant quelquefois des bouleversements ou des foudroiements mortels, phénomènes qui échappent à nos méthodes d’analyse. La catalepsie, le somnambulisme, le magnétisme, la voyance sont des « cas limites » qui révèlent en nous un système de connexions inconnues. Toute une partie de l’enquête des Etudes philosophiques a pour sujet la présentation de ces cas pathologiques. Il s’agit, dans Maître Cornélius, d’un cas de somnambulisme. Le vieux Cornélius, pendant certaines de ses crises, enfouit lui-même ses trésors et croit à son réveil qu’il a été volé. Il meurt de désespoir devant ces vols inexplicables. Balzac explique ces crises de somnambulisme par l’action inconsciente d’une idée obsessionnelle. C’est ce qui lui permet de faire dire par Félix Davin : « C’est l’idée avarice tuant l’avare dans la personne du vieil argentier. »

Source analyse : Préface tirée du 24ème tome de La Comédie Humaine éditée chez France Loisirs en 1987, d’après le texte intégral publié sous la caution de la Société des Amis d’Honoré de Balzac, 45, rue de l’Abbé-Grégoire – 75006 Paris. Nouvelle écrite par l’auteur au château de Saché en novembre et décembre 1831.

Les personnages Marie de Saint-Vallier : Comtesse de Saint-Vallier, fille naturelle du roi Louis XI. Georges d’Estouteville : Gentilhomme amoureux de Marie de Saint-Vallier. Cornélius : Argentier du roi Louis XI. Louis XI : Roi de France.

No Comments
Post a Comment